Petite balade sans danger. ... Vraiment ? [PV Jeanne]

Zéphyr marchait tranquillement dans l'eau, à la recherche de poissons. Il aimait bien se balader parmi eux, lorsqu'ils comprenaient enfin qu'il n'était pas une menace pour eux, ce qui n’arrivait que trop rarement à son goût. En effet, les poissons étaient d'une bêtise incommensurable, et ne comprenaient vraiment pas grand-chose, par rapport au grand, au magnifique et...

Z'avez pas entendu un bruit ?

Le vieux cheval leva brusquement la tête, à la recherche du propriétaire dudit bruit bizarre, étrange et franchement inquiétant. Un craquement de buisson.

* C'était sûrement un lièvre... Ah là là je suis bête. *

Cela ne l'empêcha de ressursauter lorsqu'un autre bruit semblable se fit entendre, plus près de lui. Alors, aux aguets, il leva la tête et vit... Mais...

... Mais ce n'était qu'une bête tourterelle. Minute. Une tourterelle sur une plage ??! Mouaif, faut croire.

Jeanne soupira imperceptiblement de soulagement lorsque le superbe étalon qu'elle suivait depuis pas mal de temps porta son regard sur la tourterelle, et se maudit d'avoir été aussi bruyante. Heureusement que ce volatile avait détourné l'attention ! La jeune Indienne prit le temps d'avancer chaque pas, réduisant sa vitesse mais aussi les bruits annonciateurs de sa présence. L'étalon ne tarderait pas à sentir sa prédatrice, elle le savait. Mais Jeanne n'était pas une débutante, et elle avait bien prit soin de se placer de manière à ce que le vent, qui venait de la mer, ne trahisse pas sa présence. Même si, en prévision, elle s'était rapidemment enduit le corps d'une boue inodorante pour masquer son odeur.

Au bout d'un quart d'heure immobile, la jeune femme décida qu'il était temps de passer à l'action. Rôôôh, mais pourquoi donc avait-elle revendu son dernier cheval ? Attraper un étalon sans monture, cela risquait d'être quasi impossible. Mais bon, Jeanne l'avait déjà fait, et elle retenterait bien l'expérience. De toute façon, il lui fallait un nouvel étalon à vendre, car il fallait qu'elle mange. Cela faisait bien deux jours qu'elle n'avait avalé que des baies et de la verdure. Il lui fallait de la viande. Et la chasse n'était pas du tout son truc !

L'Indienne ouvrit son sac sans faire un bruit, et en sortit ses deux lassos, avant de se relever très discrètement pour évaluer la situation. Très bien. Le buisson derrière lequelle elle évoluait se trouvait juste à proximité de l'éton qu'elle pistait, et si elle en jaillissait en prenant sa proie par surprise, c'était faisable. Très bien. Jeanne prit une longue inspiration, puis se releva sans un bruit, et fit tourner son lasso. La corde siffla dans l'air, et fila en direction de l'encolure du cheval. Si elle manquait son coup, s'il prenait la fuite, les rochers devant lui formaient une barrière naturelle, s'il faisait demi-tour, il serait facile pour la jeuen femme de relancer son lasso.

Zéphyr se calma instantanément en voyant que ce n’était qu’une bête tourterelle. Il étudia un instant les environs, puis reporta son attention sur l’eau claire qui entourait une plage paradisiaque. Les cartes postales n’étaient pas encore de ce monde, mais si elles avaient existé cette plage aurait depuis longtemps fait la une de toutes les cartes postales de l’Ouest.

Un léger bruit, presque imperceptible, aurait dû l’avertir, mais il était trop captivé par les vagues qui venaient cogner ses jambes. Un vrai gamin… Puis il entendit un sifflement. Il releva la tête juste pour la corde tombe sur son encolure. Paniqué par ce qu’il sentait sur son cou, il hennit de surprise et sa cabra plusieurs fois. La corde l'avait pris par surprise et il détestait ça.

Enfin, il se rendit compte que ce n'était qu'un lasso. Légèrement lent à la détente, l’équidé… Qui était l'imbécile de première qui l'avait lancé sans prévenir ? Non mais ? les humains ne savaient-ils pas demandé une permission avant de...

* Mais qu'est-ce que je raconte moi ? Les humains ne savent même pas communiquer correctement, comment pourraient-ils me demander la permission de me capturer… Et puis demander une permission pour ça, c’est stupide… *

Le vieux cheval se calma enfin, et se remit sur ses quatre pattes. Il s’éclaboussa légèrement en retombant dans l’eau, mais qu’importe. Ca sécherait vite. Mais il ne verrait pas ses poissons, dommage…

Le bai n'essaya pas de tirer sur la corde, sachant pertinemment que ça ne ferait qu'empirer les choses, et resta immobile en attendant que la personne qui l'avait capturé se montre. Cela faisait bien quelques années maintenant qu'il n'avait plus été capturé, et il espérait ne pas tomber sur un vieux schnock complètement timbré ou un cow-boy assoiffé de sang...

Jeanne lança un "Yessss !" de contentement lorsque la corde retomba pile sur l'encolure de l'étalon, et serra fortement la drisse dans ses mains lorsqu'il se cabra, plusieurs fois. Elle sentit bien sa peau s'écorcher, mais ne grimaça pas, ne lâcha rien. Elle avait l'habitude de ce genre de bobo. Sa cible retomba sur ses jambes. Alors que la jeune Indienne s'attendait à ce qu'il rue aussi sec, l'étalon demeura immobile, les jambes dans l'eau, comme s'il attendait quelque chose. Troublée, Jeanne crut qu'il s'agissait d'une ruse, et ferma fermement ses doigts sur la corde, tout en s'approchant pas à pas du cheval. Pas un mouvement. Non, il n'allait tout de même pas attendre sagemment qu'elle l'emporte ?

L'Indienne s'approcha alors franchement de l'étalon, et l'aborda prudemment. Comme il ne semblait pas fourbe, elle passa sa main sur sa croupe, puis sur son dos, en murmurant des paroles apaisantes en l'ancienne langue des Indiens. Intérieurement, Jeanne s'extasiait de la beauté de l'équidé, de sa face large, de ses naseaux généreux et bien dessinés... Mais une vague de tristesse et de lassitude pointait simultanément en elle. En pistant ce magnifique étalon, elle y avait cru... Elle avait bien cru que c'était celui qu'elle recherchait, celui qu'elle avait toujours recherché. Sa perle. Jeanne avait bien deviné qu'il était âgé, mais elle avait pensé qu'il avait du peps, du mordant. Du caractère, en somme. Tout comme elle. Malheureusement, il fallait croire qu'elle s'était trompée sur son compte. Il ne se débattait même pas... Déçue, la jeune Indienne passa délicatement une ébauche de licol tressé à sa tête, et ouvrit son sac pour en sortir une corde à utiliser comme longe pour guider l'équidé directement chez le marchand.

Zéphyr regarda celui, ou plutôt celle, qui l'avait capturé approcher. C'était une indienne, à en juger par ses vêtements et surtout, par sa manière de faire... Il ne pouvait pas vraiment juger de sa forme, mais il lui semblait qu'elle n'était pas très vieille.

Il tressauta légèrement en sentant la main de l'indienne le toucher mais ne bougea pas. Après tout, il avait encore ce fichu lasso accroché à l'encolure, et il ne ferait pas comme Wanted. Heureusement pour cet étalon qu'il avait été là, d'ailleurs ! Mais ce n'était pas vraiment le moment de penser à ça, car après lui avoir mis une espèce de licol sans qu'il ne bronche, elle ouvrit son sac, et... Une corde ? Pour quoi fa...

* Ah non ! Pourquoi est-ce qu'elle veut m'emmener quelque part, celle-là ? Et puis où, d'abord ? Se faire capturer, ok, mais pas se faire encore enfermer, pas à mon âge ! La tolérance a des limites tout de même ! *

Après cet instant de rébellion intérieure, Zéphyr recula un peu, calmement, juste pour faire comprendre qu'il ne voulait pas qu'elle le conduise quelque part comme ça, et fixa l'indienne. Puis, sur une impulsion subite, il mit tant bien que mal un genou à terre, pardon, dans l'eau, et baissa la tête, en une sorte de révérence pas super bien réalisée. Puis il s'allongea carrément dans l'eau, qui était peu profonde, et détourna la tête.

Lui, bouder ?

Jeanne resta figée, bouche-bée, devant la figure réalisée par l'étalon attrapé, puis changea brusquement d'avis. Elle allait voir ce qu'il valait en vitesse, et s'il était bon, elle le garderait pour attraper les chevaux à échanger au marchand. L'Indienne claqua de la langue deux fois rapprochées, et tira significativement sur la corde du lasso toujours autour de son encolure. Elle voulait que l'étalon se relève. D'ailleurs, comment s'appelait-il, ce cheval sauvage ?

La jeune femme entra dans l'eau et s'accroupit, sans crainte d'être mouillée, pour regarder le cheval dans les yeux. Elle lui demanda ensuite de se relever, et, après l'en avoir prévenu, elle prit son élan, prit appui sur ses mains sur son dos, et l'enfourcha. Jeanne ramena la corde du lasso de manière à se faire des rênes improvisées, et talonna le cheval bai pour qu'il avance. Elle voulait du galop, et du galop de course !

Zéphyr sentit l'indienne un peu impressionnée par ce qu'il avait fait, et se sentit tout fier. Il l'entendit entrer dans l'eau et retourna la tête pour la regarder. Il se releva lorsqu'elle le lui demanda pour la deuxième fois, mais décidé à ne pas se laisser conduire où que ce soit. Après l'avoir prévenu qu'elle allait monter sur lui, ("Sympa cette indienne ! ") il se laissa enfourcher, et commença à avancer au pas, avant de comprendre que c'était un test.

Ah, elle voulait de la vitesse ? Elle allait en avoir, et sans problème ! Toujours au pas, il se laissa un peu faire désirer, puis partit directement au galop, juste à côté de l'eau, pour avoir du sable dur et stable. C'était deux fois plus facile pour galoper, et surtout pour aller vite ! Après quelques foulées de stabilisation, il accéléra pour atteindre sa vitesse de croisière. Une légère pression des mollets l'encouragea à aller encore plus vite, et cette fois, il prit un galop de course en hennissant sauvagement. Il sentait le vent de la course emmêler sa crinière et sa queue, cette dernière flottant comme un drapeau.

Bizarrement, s'imaginer qu'on avait derrière soi tout une meute de loups aidait beaucoup à aller vite... Mais maintenant, grisé par la vitesse, il voulait sauter... Et il s'excitait de plus en plus, à courir, une humaine sur son dos, sur une longue plage telle que celle-ci...

A peine l'étalon se mit au pas que Jeanne décida de revoir son idée de le reléguer au marchand. Sans savoir pourquoi, elle sentait une sensation de puissance se propager à une vitesse fulgurante dans tout son corps. Impatiente de voir ce que cet étalon donnerait en vitesse, elle pressa des mollets ses flancs, et il partit, entamant d'abord, remarqua l'Indienne, un galop de croisière, puis atteint sa vitesse de course. Ce fut une explosion dans l'esprit de Jeanne. Envahie de sensations encore inconnues. Ce cheval semblait galoper comme si sa vie en dépendait, à une vitesse qu'elle n'avait jamais atteinte sur le dos d'un équidé, ni sur celui d'aucun autre animal. En fait, elle n'avait jamais été aussi vite de toute sa vie. Même les chevaux entraînés de l'armée n'avaient pas ces foulées, cette allure, cette vitesse.

Jeanne montait à cru, avec une simple corde pour se tenir, et aucun mors. Si l'étalon se mettait au rodéo, elle ne tiendrait pas longtemps. Elle demeura dans ses pensées quelques secondes, puis revînt au moment présent, et s'appliqua à accompagner le mouvement de cheval avec son assiette, puis secoua la tête, et fit couler le noeud de son lasso pour défaire son emprise sur l'encolure de l'étalon. Il était libre. Elle jetta la carde sur son épaule, puis ferma ses doigts sur la crinière de sa monture, et ferma les yeux, profitant au maximum de cette sensation d'envol. Ils étaient deux. Tous seuls sur une plage, en totale liberté. Elle l'avait trouvé. C'était sa perle.

Zéphyr était tellement grisé par la vitesse et par le vent, qu'il ne sentit pas tout de suite l'indienne lui enlever sa corde. Lorsqu'il en prit conscience, une idée lui traversa furtivement la tête. Et s'il éjectait l'humaine de son dos ? Il pourrait être à nouveau libre... Non, il risquait de lui faire mal. Et il ne voulait pas détruire une confiance que l'on plaçait en lui, même venant de quelqu'un qui aurait pu être et serait peut-être son ennemi... Mais faisons un petit test.

Zéphyr passa brusquement au trot, certes rapide, mais au trot, pour s'arrêter juste après. Il ne bougea pas pendant une seconde montre en main, et fit demi-tour en se cabrant à demi pour repartir d'où ils venaient au grand galop. La personne qui l'avait capturé était-elle restée sur son dos ?

L'Indienne était restée sur son dos, oui. Mais au prix de quelques efforts ! Elle adorait le rodéo, mais, perdue dans ses pensées, et les yeux fermés, elle n'avait pas vu venir la facétie de l'étalon. Quand il était brusquement passé au trot, Jeanne avait percuté son encolure de plein fouet, puis avait attrapé plus fermement la crinière, et fermé serrés ses mollets sur les flancs du cheval. Lorsqu'il s'arrêta, elle ne relâcha pas ses aides, son attention totalement figée sur les muscles de Zéphyr, en attente d'un nouveau départ, et, lorsqu'il s'était cabré, la jeune femme s'était penchée en avant pour qu'il retombe sur ses jambes, et avait parfaitement accompagné le galop.

- Bien. C'est tout ce que tu sais faire ? Si tu espères me propulser hors de ton dos avec ça...

Ni une ni deux, Jeanne se prit au jeu, et se servit de son lasso qu'elle replaça sur son cou et de ses jambe spour tenter de le faire tourner en cercles, d'abord très larges, puis de plus en plus serrés...
Arriverait-il à sortir des ces cercles vicieux ? (xDDD)

Oh que oui ! Zéphyr sentit, cette fois, la corde revenir autour de son encolure, et il se laissa faire. Alors comme ça elle voulait qu'il l'éjecte ? Pas de problèmes !

Soudain, il se sentit déporté vers la droite à cause de la corde... Il suivit le mouvement, faisant des cercles de plus en plus petits mais sans ralentir. Ce qui devait donc arriver arriva : il rua. De petits sauts de moutons, pas dangereux mais très inconfortable lorsqu'on était à cru. Soudain, la révélation vint. Il s'arrêta, mais pas brusquement, et ne bougea pas pendant quelques instants. Il étudiait le sol... Mouais.

D'un coup, il s'agenouilla sans prévenir, l'indienne toujours sur son dos, replia ses postérieurs et se prépara à se rouler dans le sable pour faire partir sa cavalière...

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