Après une longue marche...

Le vent souffle sur les plaines. Les herbes ondulent de façon irrégulière. Quelques petites collines surmontent cet endroit. Seuls les bisons vivent ici. Certes, on peut trouver quelques chevaux, et quelques..Quelques Indiens, qui se réunissent ici pour chasser, avant l'hiver.
Mais là, tout de suite, maintenant, il n'y a rien, personne. Seul le vent prouve que cet endroit existe vraiment et qu'il est vivant. De gros nuages gris foncé sont là et avance lentement. Un orage arrive.
Mais il n'y a pas que l'orage qui arrive. Une ombre se dessine légèrement sur une des plus hautes collines de ces plaines. Celle d'une jument isabelle-rouanne. Sauvage.
Celle-ci s'est stoppée au point le plus haut de la colline, laissant ses crins noirs se faire bercer par le vent, la brise.
Elle a un regard noir.
Non, elle n'est pas rageuse ni en colère ; elle réfléchit seulement. Elle aime la solitude, elle aime le silence, elle aime ce vent qui la rafraichit.
Elle regarde cette étendue et se dit qu'elle va s'arrêter là, pour voir si elle si sent bien, pour voir si elle peut oublier ses problèmes, pour voir si elle peut se détendre. Oui, elle va rester là..

Tandis que Saw parcourait les plaines d'un pas majestueux, il flairait avec attention chaque nuance d'odeur.
La dernière fois qu'il était venu ici, l'attaque avait été brutale et fulgurante, mais il s'en était sortit vivant et libre. Aujourd'hui, tout semblait calme.. Si calme..
Pas d'humains en vue.
Pourvu qu'il ne se trompe pas !
Emergeant du troupeau de bison derrière lequel il s'était dissimulait, il scruta l'ensemble des plaines, la tête haute, le regard dur. Sa peur s'était changée en colère, sa colère en rage, sa rage en haine.
Ils avaient osé.
Ils avaient osé croire qu'on pouvait le capturer, lui, un étalon qui avait passé toute sa vie à l'état sauvage...
S'il en revoyait un, il ne savait pas comment il réagirait. Peut-être partirait-il de nouveau. Mais peut-être aussi passerait-il à l'attaque.. Et s'il attaquait, il ne lâcherait pas avant la mort de l'individu.

Mais tandis qu'il se faisait ses réflexions, son regard fut attiré vers les hauteurs.
Non, il ne rêvait pas. Surplombant les plaines, une grande jument isabelle se tenait sur la colline, observant elle aussi le territoire.
Ses naseaux grondèrent, signe de curiosité. Pourtant il détourna les yeux pour poursuivre ses recherches, imperturbable.

( Ah ! Justement, j'espérais que tu viendrais me répondre ! )

Sauvage n'avait pas aperçu l'étalon. Elle avait fermé les yeux et laissait son esprit vagabonder comme le vent dans les plaines. Mais, un bruit, à peine audible, la fit ouvrir les yeux brusquement et plaquer les oreilles. Sauvage connaissait parfaitement la nature, ses bruits, ses dangers ; et les bruits qu'elle venait d'entendre n'était pas un renard ou un bison. C'était un cheval. Les yeux perçants de Sauvage cherchèrent cet "intrus". Ils le trouvèrent rapidement. L'étalon, qui était plus foncé que les herbes, donc plus facile à voir, ne s'était pas caché. Il l'avait vu. Elle le savait. Mais il continuait sa route sans s'occuper d'elle. C'est peut-être pour ça qu'elle a remonté une de ses oreilles pour la pointer vers l'avant et dilater ses naseaux. Elle écoute et elle regarde. Non, elle ne lancera pas de hénnissement. Qu'il hénnisse si lui le veut mais elle ne fera pas le premier pas.
Elle avait l'impression que cet étalon ne se souciait guère de sa présence.
* Ne te fie pas aux apparences, Sauvage, ne t'y fie pas..*

[Roh c'est gentil xD]

Les naseaux de Saw grondaient toujours, bien que son regard ne soit plus sur la jument.
Il flairait, flairait sans relâche, mais bientôt l'odeur de la jument se mêlant à celles des plaines troublait trop ses sens olfactifs pour qu'il puisse distinguer une senteur aussi faible que celle d'un humain éloigné.

Un peu frustré, il leva l'encolure. Ses naseaux cessèrent de gronder pour émettre une sorte de ronflement, signe que la séance de peigne fin des plaines venait de prendre fin.
Ce fut une erreur.

Loin, cachés par les buissons et le vent qui soufflait dans la mauvaise direction, un petit groupe d'hommes bivouaquait. Bientôt ils se remettraient en route, et auraient toutes les chances de tomber sur Saw ou même Sauvage.

Le soleil refletait de doux reflets brillants sur la robe de l'étalon. Sa lourde crinière cachait une profonde entaille sur toute la longueur de l'encolure: Vestige de la cruauté des hommes:
Enlever un lasso de l'encolure d'un cheval sauvage n'était pas chose aisé, autant couper la corde.. Et tant pis si l'on coupait l'encolure avec.
Saw la sentait brûler malgré la protection que lui offraient ses crins.
Peut-être cela s'était-il infecté. Probablement..
Peut-être en souffrait-il, mais il n'écoutait pas la douleur. Il avait comprit depuis bien longtemps que, comme le froid, la chaleur, la fatigue.. La douleur n'était qu'un état d'esprit.

Sauvage fixait toujours l'étalon alezan. Non pas qu'elle le trouvait beau ; elle ne trouvait jamais quelqu'un beau ou moche, cela ne voulait absolument rien dire à ses yeux ; et elle n'était pas inquiète ou perturbée, mais elle était sur la défensive. Elle avait appris à ses dépends que quelqu'un qui ne vous regarde pas peut quand même vous attaquer la seconde d'après. Une légère boiterie, qui date de plusieurs années déjà, du postérieur gauche le prouvait.
En parlant de blessure, Sauvage crut voir un instant un reflet, plus intense que les autres, sur l'encolure de l'étalon. Elle croyait aperçevoir une cicatrice, très grande. Lui aussi avait dû apprendre à se méfier. A moins qu'il se soit battu avec un autre étalon.
* Non non, pas de préjugé, pas de croyance, sinon va à l'Eglise, ne te fais pas avoir. Pas une autre fois. *

Sauvage n'avait jamais eu un très bon odorat, mais elle avait une très bonne ouïe et une bonne vue. Mais, une bonne ouïe et une bonne vue, ne servent pas à grand chose lorsque les choses que l'on veut voir ou entendre sont loins, très loins. C'est la raison pour laquelle Sauvage ne se doutait pas une seule seconde que des humains approchaient.
Ils, l'étalon et elle, étaient tous deux à découvert. Et il est vrai qu'une attaque, quelle quelle soit, pourait être dangereuse..

» Marche ,marche et marche ....[ venez venez cher CHEVAUX ]
» La plus longue phrase...
» Une longue absence troublante....